Un petit miracle

Alors que mes recherches touchaient à leur fin, un petit miracle s’est produit, qui a donné une dimension nouvelle et inespérée à mon travail. J’étais sur un forum consacré à la guerre de 14-18 lorsque je suis tombé sur cette photo et le message ci-dessous…

En lisant la réponse, je n’en croyais pas mes yeux : un homme disait avoir bien connu Nelly Martyl. Or, pour moi, la cantatrice, née au XIXe siècle, était une femme du passé, d’un passé très loin, presque un dinosaure. Se pouvait-il que quelqu’un qui l’ai connue soit encore en vie ? J’ai fait un rapide calcul : en 1947, Nelly avait soixante-trois ans. Elle pouvait très bien donner des cours de chant à cet âge. Et si Georges Benoist avait vingt-deux ans en 1947, c’est qu’il était né en 1925. Le message datant de 2013, il avait à ce moment-là quatre-vingt-huit ans. Là encore, c’était possible. Je devais absolument le contacter : il était le maillon manquant entre Nelly et moi.

J’ai donc pris mon téléphone et j’ai appelé. J’étais tout tremblant. Un an s’était écoulé depuis le message sur le forum. Georges Benoist était-il toujours en vie ? Avait-il toujours toute sa mémoire ? Accepterait-il de me parler ? A l’autre bout du fil, quelqu’un a décroché et le miracle s’est produit. Georges Benoist était pétillant, plein de souvenirs, et il avait très envie de ma parler de Nelly, qu’il avait beaucoup aimée. J’ai pris ma voiture et j’ai filé à sa rencontre à Melgven, au bout de la Bretagne.

Georges Benoist dans son grenier, une caverne d’Ali Baba consacrée à l’opéra, sa passion depuis toujours. Dans sa collection, des cylindres en cire, des disques, des revues, des éditions limitées…

Pendant une après-midi entière, j’ai discuté avec Georges Benoist de Nelly Martyl. C’était incroyable : il me parlait d’elle, me racontait des anecdotes, me disait sa gentillesse et son humilité, bref, il me donnait des informations de première main, des petites choses qui n’apparaissaient nulle part dans les archives de la BnF ni du Val-de-Grâce. Il me fit même écouter un enregistrement de Nelly et m’offrit une cassette audio.

Georges Benoist était content que j’écrive un livre sur Nelly Martyl et que j’essaie de la faire sortir de l’oubli. Il me raconta que, peu après le décès de la chanteuse, il était allé sur sa tombe au cimetière Montmartre, à Paris. Elle était abandonnée. Personne ne venait la fleurir. Ca le rendait très triste…

Du coup, rentré à Paris, je suis allé voir la tombe. Voilà à quoi elle ressemblait :

J’ai gratté la mousse avec un caillou, et des noms sont apparus…

Nelly était là, avec ses parents Jules et Hélène, mais sans son mari Georges Scott. Pourquoi ? S’entendaient-ils bien ? D’autres questions surgissaient : qui était Amanda Martin ? Une tante ? Et, tout en haut, la première personne enterrée là était un certain Georges Jules Edouard Martin, 19 mai 78 – 2 juillet 89. Je découvrais que Nelly avait eu un grand frère, décédé à l’âge de onze ans lorsqu’elle en avait cinq. Sans M. Benoist, je ne l’aurais jamais su…

J’ai déposé des fleurs et je suis parti.

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