Je n’écris pas pour l’argent.
Si les auteurs jeunesse écrivaient pour faire fortune, ça se saurait.
Voici, à titre d’information, ce que gagne un auteur jeunesse pour écrire un livre : en moyenne, il touche 6% du prix du livre.
Lorsque vous achetez un roman à 10 euros en librairie, l’auteur, pour avoir imaginé et écrit le texte (ce qui est tout de même un maillon important de la chaîne du livre), touche donc 60 centimes brut. Les 9,40 euros restants vont au libraire, au distributeur, à l’imprimeur, à l’éditeur, à l’Etat…
Et encore, 6%, c’est dans le meilleur des cas ! Parce que lorsque le livre est réédité en format poche, le pourcentage devient lui aussi “poche” et descend à 4%. Pour un livre de poche vendu 6,20 euros, la part qui me revient, c’est grosso modo la somme après la virgule : 20 centimes.
Et si j’ai le malheur de faire un album illustré, les 6% sont répartis entre l’auteur et l’illustrateur : nous touchons chacun 3%.
Donc non, définitivement, je n’écris pas pour l’argent.
J’écris pour la gloire, et la gloire vient de me tomber dessus sans crier gare.
L’autre soir, ma fille est venue me voir, toute excitée.
– Papa ! Papa ! Regarde !!!
Elle m’a tendu un catalogue publicitaire arrivé dans la journée par la Poste :
– Oui, hé ? lui ai-je répondu.
– Regarde là, à gauche !
– Oui, c’est une chambre avec deux lits…
– Non, regarde-là ! m’a-t-elle dit en me montrant l’espace entre les lits.
– Non, désolé, je ne vois pas…
Elle a pointé son doigt sur les livres posés par terre :
– Là ! m’a-t-elle dit fièrement. C’est ton livre sur l’Eternité !
J’ai retourné le catalogue :
Ouh, punaise ! Elle avait raison (en plus d’avoir de bons yeux) : c’était bien mon livre !
Ce soir-là, je me suis endormi le cœur léger : je ne gagne peut-être pas beaucoup d’argent, mais quand la gloire est là, ce n’est pas bien grave…