Persévérance

Il y a un an, j’étais tout sauf un sportif. Et puis j’ai découvert la marche rapide (à plus de 7km/h), je me suis entraîné, j’ai progressé, j’ai pris du plaisir certains jours et j’ai souffert d’autres jours, et en septembre dernier je me suis inscrit au semi-marathon de Paris, un peu par défi, un peu pour voir si j’étais capable, à 56 ans, de repousser mes limites.

L’épreuve a eu lieu dimanche 3 mars 2024, et c’était loin d’être gagné. Mais j’ai tenu : j’ai maché les 21,097 km en 3h00mn14s, ce qui fait de moi un “finisher” de l’épreuve.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est parce que je vois un parallèle entre la marche à pied et l’écriture. Tout le monde sait écrire (marcher) et tout le monde peut un jour se dire “puisque je sais écrire (marcher), je suis capable de faire un roman (un semi-marathon).” En réalité, c’est plus compliqué que ça. D’abord, l’écriture littéraire (la marche rapide) n’est pas naturelle : il ne s’agit pas juste d’aligner des mots (de mettre un pied devant l’autre). Cela s’apprend, se travaille, se perfectionne. Ensuite, aller au bout d’un roman (d’un semi-marathon) est une épreuve de longue haleine. On ne peut y parvenir sans un bon entraînement. Il faut écrire (marcher) tous les jours, même quand on n’en a pas envie, même quand on doute de soi. Car il est facile de se décourager et d’envisager l’abandon : cinquante pages (cinq kilomètres), c’est long, et pourtant c’est si peu par rapport à un roman entier (à un semi-marathon). Mais quel bonheur et quelle fierté quand, après tant d’efforts, on écrit le mot “fin” (on franchit la ligne d’arrivée) !

Lorsque je vais dans des classes, j’explique aux élèves que la principale qualité pour devenir écrivain est la persévérance. Mon expérience sur le semi-marathon m’a montré qu’il en allait de même pour la marche rapide et la course à pied, et pour tous les sports en général. Mais c’est également vrai, je pense, pour tous les métiers artistiques et de très nombreuses activités humaines, dès lors qu’on souhaite les pratiquer à fond. Persévérance !