Une année avec Nelly Martyl

13 janvier 2016 Après un travail de très longue haleine, la Fée de Verdun est là. Il s’agit d’un livre sur Nelly Martyl, une cantatrice de la Belle Époque devenue infirmière pendant la Première Guerre mondiale. C’est un livre qui me tient particulièrement à cœur : ce n’est pas seulement un roman historique, comme les Découvreurs du Monde. Pour l’écrire, je ne me suis pas contenté de chercher les informations dans les récits des explorateurs ou dans le travail des historiens. Comme il n’existe aucune biographie sur Nelly Martyl, je suis moi-même parti à la recherche des traces qu’elle a laissées ici et là, à la Bibliothèque nationale de France ou aux archives militaires du Val-de-Grâce. Le résultat est, je trouve, original : j’y mets en parallèle mon travail d’enquêteur et la vie de Nelly Martyl. En ce début d’année 2016, Nelly Martyl est encore une illustre inconnue. On verra ce qu’il en sera à la fin 2016, après un an de célébration du centenaire de la bataille de Verdun.


15 janvier 2016 Nelly Martyl, après s’être engagée à la Croix-Rouge au début de la Grande Guerre, a été à Verdun en 1916, où son courage a été reconnu aussi bien par les poilus que par les gradés. Avant les combats, elle donnait du courage aux soldats par ses récitals et, après les combats, elle soignait les blessés.

20140121_102257C’est le général Passaga, chef de la division “La Gauloise”, qui a surnommé Nelly “La Fée de l’armée de Verdun”. La mention est inscrite au bas d’un exemplaire du journal L’Illustration, que le général a envoyé à Nelly.


28 janvier 2016 J’ai reçu un mail du capitaine Yann Domenech de Celles, un militaire qui effectue une thèse de doctorat sur Georges Scott, le mari de Nelly Martyl. Comme moi lors de mon enquête sur Nelly, il cherche à savoir si Scott a eu des descendants directs ou indirects, pour les contacter et éventuellement découvrir des archives inexploitées sur le peintre. Je lui ai donné toutes les informations en ma possession sur le couple Scott Martyl. À suivre…


21 février 2016 Il y a cent ans jour pour jour débutait la bataille de Verdun. Les combats ont duré 300 jours et fait plus de 300 000 morts. De nombreux articles de journaux et documentaires télévisés commémorent cet anniversaire.

Dans un hors-série de Géo, quelques lignes sont consacrées à Nelly Martyl.

Le JdE, un hebdomadaire d’informations pour les 9-14 ans, parle lui aussi de Nelly et cite mon livre.

De nombreux blog en font des critiques :
- le blog de Argali
- le site On l a lu
- le blog Le Capharnaüm éclairé
- le blog Livres Ados
- le blog Le papillon des livres Cercle René Vigo.

Merci à toutes celles et à tous ceux qui, en parlant de mon livre, m’aident à faire connaître Nelly Martyl et à la faire revivre !


2 mars 2016 Lors de mes recherches sur Nelly, j’étais tombé sur le site de SOS Paris, une association dont le but est de défendre des bâtiments chargés d’histoire mais menacés de destruction. J’avais notamment lu l’article consacré à la destruction programmée de la Fondation Nelly Martyl, au 129-131 rue de Belleville, à Paris.

À la fin de mon livre, j’écrivais que le bâtiment était toujours debout et qu’une plaque commémorative allait y être apposée, avec l’inscription : “NELLY MARTYL (1884–1953) INFIRMIÈRE MAJOR DE L’UNION DES FEMMES DE FRANCE DURANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE FONDA ICI MÊME UN DISPENSAIRE”

Eh bien je viens de recevoir une longue lettre de Sandrine Degeorges, la déléguée de SOS Paris pour le 19e arrondissement. Elle habite juste à côté de la fondation et, depuis cinq ans, elle se bat pour sa sauvegarde. C’est elle qui, après avoir mené sa propre enquête sur Nelly Martyl, a obtenu de la mairie de Paris l’apposition de la plaque sur le bâtiment. Ce sera sans doute grâce à elle si le bâtiment est finalement sauvé et réhabilité !

Dès que la date de la pose sera connue, je vous la donnerai. Et, bien sûr, j’assisterai à la cérémonie.


7 et 8 mars 2016 Nelly m’a permis de faire de bien belles rencontres ! Ces deux jours, je suis allé à la rencontre de collégiens de la banlieue de Rouen : le 7 mars au collège Lucie Aubrac d’Isneauville et le lendemain au collège Jean de la Varende de Mont-Saint-Aignan. Ces rencontres, organisées par l’ONAC (Office national des anciens combattants et victimes de guerre) et la librairie Colbert de Mont-Saint-Aignan, avaient pour thème “Mémoire de Guerre”. Autant dire que La Fée de Verdun était pile dans le thème ! J’ai montré aux élèves les documents qui m’avaient permis de connaître Nelly, je leur ai expliqué comment j’avais structuré mon livre et j’ai répondu à leurs questions : avec leurs professeurs, ils avaient bien préparé la rencontre et cela a été un plaisir de dialoguer avec eux. Merci à tous, organisateurs, professeurs et élèves, de m’avoir accueilli si gentiment !

PS : J’ai reçu en cadeau ce joli dessin et ce gentil mot d’Ambre, une collégienne de Jean de la Varende. Merci, Ambre !

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15 mars 2016 Pour écrire mon livre, j’ai utilisé de nombreuses sources. Les plus importantes sont les dossiers sur Nelly Martyl qui se trouvent dans les archives de la Bibliothèque nationale de France et du musée du Val-de-Grâce.

J’ai trouvé d’autres informations sur Nelly directement sur Internet. Ces informations sont accessibles à tous.

L’une de ces sources est le formidable site Mémoire des Hommes. Le ministère de la Défense a scanné toutes les fiches de tous les soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale.

Sur ce site, j’ai retrouvé les fiches de deux poilus dont je parle dans le livre : le fils du philanthrope Léopold Bellan et celui du ténor Jean de Reszke. Cela m’a donné d’intéressantes informations sur la date et le lieu de leur décès.

Voici leurs fiches :

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20 mars 2016 De nouvelles critiques de la Fée de Verdun ont paru sur Internet. Et comme elles sont globalement très élogieuses, je me permets de rougir un peu.

Voici celle d’Histoire d’en Lire, un excellent site Internet consacré aux romans et documentaires historiques pour la jeunesse.

Et celle de Ricochet. Pour Sophie Pilaire, la Fée de Verdun est “une réflexion sur le temps qui passe, les générations qui se chevauchent, la mémoire. Bien écrit sans sensation d’artifice outrancier, le roman-documentaire adopte donc une forme quasiment inédite en littérature jeunesse, et sait se faire modèle d’intelligence.”

Petit à petit, lecteur après lecteur, Nelly renaît du passé…


21 mars 2016 Dans les années 1947, Georges Benoist a pris des cours de chant avec Nelly Martyl. Lorsque je l’ai rencontré, il m’a donné, comme je l’écris dans le livre, une cassette audio d’un morceau interprété par la cantatrice. Depuis, l’enregistrement d’un duo de Nelly avec le ténor Edmond Tirmond a été mis sur YouTube… puis retiré pour des raisons de droits d’auteur. 


 4 avril 2016 Je viens de recevoir une lettre de Nelly Martyl ! Une vraie lettre manuscrite, “avec ses compliments” et sa signature !

Bien sûr, cette lettre ne m’était pas adressée personnellement… Nelly l’a écrite dans l’entre-deux-guerres : elle y sollicite une audition auprès des frères Isola, célèbres producteurs de spectacles et propriétaires de l’Olympia, des Folies-Bergère, de la Gaîté lyrique, de l’Opéra-Comique, du théâtre Mogador et du théâtre Sarah Bernhardt. Rien que ça !

Un libraire a récupéré les archives des frères Isola et les a mises en vente sur ebay : il y a des dizaines de lettres d’artistes ou de célébrités. Et, parmi elles, celle de Nelly.

Je suis très content d’avoir mis la main dessus. Au cours de mes recherches, je n’ai trouvé aucune lettre, aucun mot manuscrit d’elle. Maintenant, je sais à quoi ressemblaient son écriture et sa signature… À ça :

 

 

 

 

 

 

 


 

10 mai 2016 Je viens d’écrire un article pour le Journal du CNRS sur la numérisation des enregistrements du procès de Nelson Mandela. A priori, rien à voir avec Nelly Martyl… Et pourtant !

Le chercheur qui a effectué cette numérisation pour le CNRS s’appelle Henri Chamoux. Je l’ai rencontré dans son laboratoire de Montrouge et il m’a parlé de sa passion : les vieux enregistrements sonores. Henri Chamoux collectionne les phonographes des XIXe et XXe siècles, les disques en cire, les cylindres… Il a même soutenu une thèse sur les enregistrements de la Belle Époque : pile la période de Nelly Martyl ! Malheureusement, Nelly n’ayant pas fait beaucoup de disques, il n’avait rien sur elle. Mais c’était passionnant !

Si vous souhaitez en savoir plus sur ses recherches, voici quelques liens :

  • Cliquez ici pour découvrir l’Archéophone, une machine inventée par Henri Chamoux pour numériser les cylindres.
  • Cliquez ici pour entendre des voix la Belle Époques.
  • Cliquez ici pour découvrir le musée du phonographe.
  • Enfin, cliquez ici pour lire l’article que j’ai écrit sur Henri Chamoux.

5 novembre 2016 Alors que j’étais invité à la foire du livre de Brive, j’ai fait une rencontre étonnante. Cela a commencé par un mail disant en substance ceci : “Quelle coïncidence ! La semaine dernière, une amie à nous, qui a 95 ans, nous a parlé d’une cantatrice nommée Nelly Martyl qui lui avait donné des cours de chant au début des années 1940. J’ai voulu en savoir plus sur cette cantatrice et je suis tombé sur votre livre, qui a répondu à toutes mes attentes. Le plus étonnant, c’est que j’habite Brive et que vous y êtes ce week-end pour la foire du livre. Je viendrai donc vous voir…” Ce samedi 5 novembre, j’ai donc rencontré l’auteure du mail, et nous avons longuement discuter de Jeanne-Claire, la vieille dame. A l’époque, Nelly Martyl lui avait dit qu’elle avait les qualités pour devenir cantatrice professionnelle, mais Jeanne-Claire venait de se marier et son mari avait obtenu un poste au Chili. Elle avait donc suivi son mari et renoncé à faire carrière. Georges Benoist, le vieux monsieur que j’ai interrogé pour écrire mon livre, pensait être le dernier élève survivant de Nelly. Eh non, monsieur Benoist, vous êtes encore au moins deux !


7 novembre 2016 Ce soir, c’était la remise des prix Historia.Dans la catégorie Meilleur livre historique pour la jeunesse, c’est La Fée de Verdun qui a été couronnée. Je suis très fier de ce prix car c’est à la fois une reconnaissance de la qualité historique du travail que j’ai effectué, et cela permet de faire sortir Nelly Martyl un peu plus de l’oubli.

Après la cérémonie, un producteur de films, dont l’un des documentaires était en sélection dans une autre catégorie, est venu me voir pour me dire que le sujet l’intéressait : il va lire le livre. “Que sera, sera…”

Enfin, la Fée de Verdun est sélectionnée pour d’autres prix littéraire : Prix des ados du Festival Livres & Musiques de Deauville, Prix de Littérature Jeunesse de l’Agglomération Choletaise, Prix des Collégiens de la ville de Roanne, Prix Réal. Proclamation des résultats au printemps 2017. “Whatever will be, will be…”


15 décembre 2016 Je viens de recevoir un mail du maire du Nant-le-Grand, un petit village au sud de Bar-le-Duc. Pendant la Première Guerre mondiale, les Poilus venaient s’y reposer, après les combats de Verdun. Parmi eux, entre août et octobre 1916, le philosophe jésuite Pierre Teilhard de Chardin. Dans une lettre datée du 31 août 1916, il parle de l’organisation d’un service funèbre où participa “Madame Scott, alias Nelly Martyl, de l’Opéra Comique, qui a chanté avec une louable modestie”. Merci monsieur le maire pour cette information !

En fouillant sur internet, j’ai trouvé une autre trace de Nelly dans la région. Il s’agit d’une lettre du Poilu Jean Petit, accompagnée d’une photographie, que son fils Stéphane a mis sur son site :

“Pour nous distraire, le général Passaga qui connaît bien le cœur de ses troupiers, vient à Salmagne en compagnie de Mademoiselle Nelly Martyl de l’Opéra comique (alias Madame George Scott), infirmière aux armées, femme admirable de grâce française et de dévouement patriotique, qui partage son temps entre les ambulances et les cantonnements saumâtres comme le nôtre.
Elle chante pour les chasseurs: “En passant par la Lorraine !…” Et après un salut à l’église, elle entonne La Marseillaise, sur les marches même du sanctuaire, de sa voix vibrante et chaude de féminité.
Aucune fausse sentimentalité dans cette scène. Pas de civils, pas d’embusqués, pas de tréteaux: de cabotins, pas de décors en carton. Les marches d’une humble église meusienne, poissées d’humidité, comme piédestal, et une cohorte de soldats qui vont risquer leur peau, comme auditoire. C’est de la belle tragédie humaine sobre et profonde. Le général offre ensuite le champagne aux officiers et Mademoiselle Martyl est nommée d’emblée caporal honoraire de chasseurs aux: 102e BCP et 11& BCP. On lui donne un béret qu’elle coiffe avec simplicité. C’est ainsi que s’écoulent nos dernières heures avant le grand départ.”

FIN